dissertation sur les caractères de la bruyère

Giton introduction. Avec Les Caractères (1688-1696), Jean de La Bruyère tend à la haute société un miroir satirique dépeignant ses vices : amour-propre, hypocrisie, fausseté, ambition personnelle. Mais le moraliste du XVIIème siècle ne cherche pas à condamner sa société. Bien qu’il porte un regard pessimiste sur la condition Cest sur cet univers de faux-semblants que La Bruyère pose un regard aiguisé. Sa plume, d'une précision chirurgicale, dresse des portraits qui, en CitationsRecueil de citations pour la dissertation. La Bruyère jugé par ceux qui le connaissaient; Jugements sur Les Caractères; Vers l’oral Explications linéaires guidées Extrait no 1 : le portrait d’Acis. Introduction; I. Un vice de langage (l. 43-49) II. Un pompeux (l. 49-59) III. Savoir être honnête (l. 59-65) LesCaractères de La Bruyère I) Le mélange des genres A) L'essai (2 points) Un essai est un récit dans lequel l'auteur débat d'un sujet selon son point de vue. La Bruyère, dans "les Caractères" nous fait part de son opinion sur la souveraineté, il s'agit donc d'un essai. JeanDe La Bruyère, moraliste français du XVIIème siècle, nous présente, entre autres, un texte visant à caractériser les hommes de son époque et à décrire l’être humain et ses singularités. Ce texte descriptif à visée argumentative insiste sur des traits caractéristiques, des comportements, pour exprimer son jugement de nonton film my girlfriend is alien season 2 sub indo. 1 Sujet. Rédaction Remarques importantes 1. Présenter sur la copie, en premier lieu, le résumé de texte, et en second lieu, la dissertation. 2. Il est tenu compte, dans la notation, de la présentation, de la correction de la forme syntaxe, orthographe, de la netteté de l’expression et de la clarté de la composition. 3. L’épreuve de Rédaction comporte obligatoirement formant deux parties indissociable un résumé et une dissertation. Ils comptent chacun pour moitié dans la notation. I Résumé de texte Résumer en 200 mots le texte suivant. Un écart de 10% en plus ou en moins sera accepté. Indiquer par une barre bien nette chaque cinquantaine de mots, puis, à la fin du résumé, le total exact. Petits hommes, hauts de six pieds, tout au plus de sept, qui vous enfermez aux foires comme géants et comme des pièces rares dont il faut acheter la vue, dès que vous allez jusques à huit pieds ; qui vous donnez sans pudeur de la hautesse et de l’éminence, qui est tout ce que l’on pourrait accorder à ces montagnes voisines du ciel et qui voient les nuages se former au-dessous d’elles ; espèce d’animaux glorieux et superbes, qui méprisez toute autre espèce, qui ne faites pas même comparaison avec l’éléphant et la baleine ; approchez, hommes, répondez un peu à Démocrite. Ne dites-vous pas en commun proverbe des loups ravissants, des lions furieux, malicieux comme un singe ? Et vous autres, qui êtes-vous ? J’entends corner sans cesse à mes oreilles L’homme est un animal raisonnable. Qui vous a passé cette définition ? sont-ce les loups, les singes et les lions, ou si vous vous l’êtes accordée à vous-mêmes ? C’est déjà une chose plaisante que vous donniez aux animaux, vos confrères, ce qu’il y a de pire, pour prendre pour vous ce qu’il y a de meilleur. Laissez-les un peu se définir eux-mêmes, et vous verrez comme ils s’oublieront et comme vous serez traités. Je ne parle point, ô hommes, de vos légèretés, de vos folies et de vos caprices, qui vous mettent au-dessous de la taupe et de la tortue, qui vont sagement leur petit train, et qui suivent sans varier l’instinct de leur nature ; mais écoutez-moi un moment. Vous dites d’un tiercelet de faucon qui est fort léger, et qui fait une belle descente sur la perdrix Voilà un bon oiseau » ; et d’un lévrier qui prend un lièvre corps à corps C’est un bon lévrier. » Je consens aussi que vous disiez d’un homme qui court le sanglier, qui le met aux abois, qui l’atteint et qui le perce Voilà un brave homme. » Mais si vous voyez deux chiens qui s’aboient, qui s’affrontent, qui se mordent et se déchirent, vous dites Voilà de sots animaux » ; et vous prenez un bâton pour les séparer. Que si l’on vous disait que tous les chats d’un grand pays se sont assemblés par milliers dans une plaine, et qu’après avoir miaulé tout leur soûl, ils se sont jetés avec fureur les uns sur les autres, et ont joué ensemble de la dent et de la griffe ; que de cette mêlée il est demeuré de part et d’autre neuf à dix mille chats sur la place, qui ont infecté l’air à dix lieues de là par leur puanteur, ne diriez-vous pas Voilà le plus abominable sabbat dont on ait jamais ouï parler ? » Et si les loups en faisaient de même Quels hurlements ! quelle boucherie ! » Et si les uns ou les autres vous disaient qu’ils aiment la gloire, concluriez-vous de ce discours qu’ils la mettent à se trouver à ce beau rendez-vous, à détruire ainsi et à anéantir leur propre espèce ? ou après l’avoir conclu, ne ririez-vous pas de tout votre cœur de l’ingénuité de ces pauvres bêtes ? Vous avez déjà, en animaux raisonnables, et pour vous, distinguer de ceux qui ne se servent que de leurs dents et de leurs ongles, imaginé les lances, les piques, les dards, les sabres et les cimeterres, et à mon gré fort judicieusement ; car avec vos seules mains que vous pouviez-vous vous faire les uns aux autres, que vous arracher les cheveux, vous égratigner au visage, ou tout au plus vous arracher les yeux de la tête ? au lieu que vous voilà munis d’instruments commodes, qui vous servent à vous faire réciproquement de larges plaies d’où peut couler votre sang jusqu’à la dernière goutte, sans que vous puissiez craindre d’en échapper. Mais comme vous devenez d’année à autre plus raisonnables, vous avez bien enchéri sur cette vieille manière de vous exterminer vous avez de petits globes qui vous tuent tout d’un coup, s’ils peuvent seulement vous atteindre à la tête ou à la poitrine ; vous en avez d’autres, plus pesants et plus massifs, qui vous coupent en deux parts ou qui vous éventrent, sans compter ceux qui tombant sur vos toits, enfoncent les planchers, vont du grenier à la cave, en enlèvent les voûtes, et font sauter en l’air, avec vos maisons, vos femmes qui sont en couche, l’enfant et la nourrice et c’est là encore où gît la gloire ; elle aime le remue-ménage, et elle est personne d’un grand fracas. Vous avez d’ailleurs des armes défensives, et dans les bonnes règles vous devez en guerre être habillés de fer …. Feignez un homme de la taille du mont Athos, pourquoi non ? une âme serait-elle embarrassée d’animer un tel corps ? elle en serait plus au large si cet homme avait la vue assez subtile pour vous découvrir quelque part sur la terre avec vos armes offensives et défensives, que croyez-vous qu’il penserait de petits marmousets ainsi équipés, et de ce que vous appelez guerre, cavalerie, infanterie, un mémorable siège, une fameuse journée ? N’entendrai-je donc plus bourdonner d’autre chose parmi vous ? le monde ne se divise-t-il plus qu’en régiments et en compagnies ? tout est-il devenu bataillon ou escadron ? Il a pris une ville, il en a pris une seconde, puis une troisième ; il a gagné une bataille, deux batailles ; il chasse l’ennemi, il vainc sur mer, il vainc sur terre est-ce de quelqu’un de vous autres, est-ce d’un géant, d’un Athos, que vous parlez ? Vous avez surtout un homme pâle et livide qui n’a pas sur soi dix onces de chair, et que l’on croirait jeter à terre du moindre souffle. Il fait néanmoins plus de bruit que quatre autres, et met tout en combustion il vient de pêcher en eau troublé une île tout entière ; ailleurs à la vérité, il est battu et poursuivi, mais il se sauve par les marais, et ne veut écouter ni paix ni trêve. Il a montré de bonne heure ce qu’il savait faire il a mordu le sein de sa nourrice ; elle en est morte, la pauvre femme je m’entends, il suffit. En un mot il était né sujet, et il ne l’est plus ; au contraire il est le maître, et ceux qu’il a domptés et mis sous le joug vont à la charrue et labourent de bon courage ils semblent même appréhender, les bonnes gens, de pouvoir se délier un jour et de devenir libres, car ils ont étendu la courroie et allongé le fouet de celui qui les fait marcher ; ils n’oublient rien pour accroître leur servitude ; ils lui font passer l’eau pour se faire d’autres vassaux et s’acquérir de nouveaux domaines il s’agit, il est vrai, de prendre son père et sa mère par les épaules et de les jeter hors de leur maison ; et ils l’aident dans une si honnête entreprise. Les gens de delà l’eau et ceux d’en deçà se cotisent et mettent chacun du leur pour se le rendre à eux tous de jour en jour plus redoutable les Pictes et les Saxons imposent silence aux Bataves, et ceux-ci aux Pictes et aux Saxons ; tous se peuvent vanter d’être ses humbles esclaves, et autant qu’ils le souhaitent. Mais qu’entends-je de certains personnages qui ont des couronnes, je ne dis des comtes ou des marquis, dont la terre fourmille, mais des princes et des souverains ? ils viennent trouver cet homme dès qu’il a sifflé, ils se découvrent dès son antichambre, et ils ne parlent que quand on les interroge. Sont-ce là ces mêmes princes si pointilleux, si formalistes sur leurs rangs et sur leurs préséances, et qui consument pour les régler les mois entiers dans une diète ? Que fera ce nouvel archonte pour payer une si aveugle soumission, et pour répondre à une si haute idée qu’on a de lui ? S’il se livre une bataille, il doit la gagner, et en personne ; si l’ennemi fait un siège, il doit le lui faire lever, et avec honte, à moins que tout l’océan ne soit entre lui et l’ennemi il ne saurait moins faire en faveur de ses courtisans. César lui-même ne doit-il pas venir en grossir le nombre ? il en attend du moins d’importants services ; car ou l’archonte échouera avec ses alliés, ce qui est plus difficile qu’impossible à concevoir, ou s’il réussit et que rien ne lui résiste, le voilà tout porté, avec ses alliés jaloux de la religion et de la puissance de César, pour fondre sur lui, pour lui enlever l’aigle, et le réduire, lui et son héritier, à la fasce d’argent et aux pays héréditaires. Enfin c’en est fait, ils se sont tous livrés à lui volontairement, à celui peut-être de qui ils devaient se défier davantage. La Bruyère, Les caractères, Des jugements. II Dissertation Votre devoir devra obligatoirement confronter les trois œuvres au programme et y renvoyer avec précision. Il ne faudra en aucun cas juxtaposer trois monographies, chacune consacrée à un auteur. Votre copie ne pourra pas excéder 1200 mots. Un décompte exact n’est pas exigé, mais tout abus sera sanctionné. La guerre remet-elle en cause la définition traditionnelle de l’homme comme animal raisonnable comme le soutient La Bruyère ? 2 Analyse du texte et remarques. Le texte commence par une énonciation qui montre une adresse aux hommes. Il ne fallait pas immédiatement conclure que le sujet de l’énonciation était l’ auteur ». Celui qui s’adresse aux hommes commence par ridiculiser la petitesse des hommes qui les amènent à montrer les plus grands d’entre eux alors que les montagnes sont bien plus hautes. Il ajoute que les hommes se louent exagérément et méprisent les autres espèces, y compris les plus grandes, avant d’indiquer qu’il est Démocrite ~460-~370 av. C’est donc un philosophe de l’Antiquité grecque, un sage qui fustige les ridicules des hommes du haut de sa sagesse. Démocrite donc expose les façons de parler des hommes qui attribuent différentes qualités aux animaux en s’attribuant à eux-mêmes la qualité de raisonnable. C’est la définition traditionnelle qui vient d’Aristote. Dans La politique I, 2, 1253a, que l’homme soit un zoon logon ekon ζον λγον ἔχον, un animal ayant la raison ou le discours ou la parole selon la traduction de logos, sert à montrer que c’est ce qui fait de l’homme un zoon politikon ζον πολιικν, un animal politique ». Animal doit être pris au sens purement biologique des êtres vivants doués de sensations et de mouvement différents des plantes. Raisonnable » est alors la différence spécifique qui fait l’homme, par différence avec les autres espèces animales. Il s’agit bien d’une différence de nature pour Aristote dans la mesure où l’âme raisonnable que l’homme partage avec les Dieux ou Dieu, n’appartient absolument pas aux autres êtres vivants, aux autres animaux. On peut dire que La Bruyère fait critiquer cette définition par le sage Démocrite. D’abord, les hommes se la sont donnée puisque la question de l’origine est purement ironique. Ce qu’il critique est que les hommes sont juges et partis. On trouve chez Platon un argument similaire dans Le Politique où le philosophe critique la séparation entre l’homme et les animaux effectuée par l’homme lui-même, tout comme il critique la séparation des Grecs et des Barbares que font les Grecs en tant que la séparation serait autre s’il s’agissait d’une autre espèce ou d’un autre peuple. Si les animaux se définissaient fait dire à Démocrite La Bruyère, l’homme se verrait autrement. Il fait énumérer au sage tout ce qui est contraire à la raison et qui met l’homme en dessous d’animaux peu valorisés comme la taupe et la tortue qui suivent leur instinct, c’est-à-dire se conforme à la nature. Implicitement, l’idée est que la vertu est de suivre la nature une thématique plutôt stoïcienne. Il propose l’argument principal. Lorsqu’un animal en attaque un d’une autre espèce, voire un chasseur qui attrape un animal autre que l’homme, ils sont loués. Par contre des animaux de la même espèce qui s’affrontent sont critiqués par les hommes. La Bruyère propose alors une sorte d’apologue qui présentent d’abord des chats s’affrontant par milliers et mourant de même ainsi que des loups. Il s’agit donc de mettre en scène la guerre et en la faisant faire imaginairement par des animaux, d’en montrer le ridicule achevé. Il apostrophe les hommes pour leur faire dire qu’une telle destruction de l’espèce les ferait blâmer par le rire de tels animaux. Il peut alors montrer que la situation est pire chez l’homme qui a inventé d’abord des armes par lesquelles il peut facilement tuer son prochain ce qui serait impossible à mains nues. Il conclut ironiquement que la progression du caractère raisonnable de l’homme se montre dans l’invention des armes à feu qu’il présente avec une sorte d’humour noir qui montre toutes les horreurs de la guerre. Il propose un second apologue, celui d’un homme qui aurait la taille d’une montagne et qui regarderait les conflits entre les hommes. Il n’y verrait que petitesse. C’est à la première personne que Démocrite se plaint que tout dans les discours de l’homme sur lui-même se réduise à la guerre. Il décrit de façon énigmatique un homme politique d’abord sujet puis chef, parfois vainqueur, parfois vaincu, devenu un maître qui domine des hommes qui par leur soumission accroissent son pouvoir et commettent des immoralités. Il indique l’opposition des anglais pictes et saxons avec les hollandais. Il énonce la soumission générale, notamment des princes et autres nobles. Démocrite parlant, il use d’un terme grec, celui d’archonte qui désignait une des plus hautes magistratures dans la cité athénienne. Même l’empereur = César lui est soumis. La Bruyère conclut à une servitude volontaire – ses expressions font penser au célèbre ouvrage de La Boétie publié par son ami Montaigne Discours sur la servitude volontaire. On estime qu’il décrit Guillaume III d’Orange 1650-1702, stathouder des Provinces Unis en 1672 puis roi d’Angleterre en 1689. 3 Proposition de résumé. Hommes, nains comparés aux hauts sommets, que vous vous enorgueillissez ! Écoutez Démocrite. Vous louez certains animaux mais pérorez vous seuls êtes raisonnables. Sont-ce les autres animaux qui vous définissent ainsi ? S’ils se définissaient eux-mêmes, quelle figure serait la vôtre ! Écartons vos ridicules qui vous placent sous les [50] plus modestes animaux qui suivent la nature. Vous louez les animaux combattant ceux des autres espèces et les chasseurs. Vous blâmez les combats des animaux d’une même espèce. Que diriez-vous de myriades de chats qui s’égorgeraient ? Ni verriez-vous pas une œuvre diabolique. Votre raison inventa des [100] armes pour mieux vous déchirez. Elle s’augmenta en fabriquant des boules qui vous découpent avec femmes et enfants. Imaginez un géant haut comme une montagne qui vous contemplerait. Vos combats seraient des bruits d’insectes, vos discours sur la guerre propos insignifiants. Et ce petit homme, parti de rien, [150] souverain commandant ceux qui accroissent son pouvoir en lui obéissant, qui fait se déchirer des peuples, devant qui les rois mêmes s’agenouillent ! Ce magistrat nouveau paye l’obéissance par des victoires. L’empereur en personne l’honore. S’il n’échoue pas, il attaquera sa puissance. Finalement, tous s’ [200] y soumettent volontairement. 203 mots 4 Dissertation. Lorsqu’en 1758 dans ses Systema Naturae, Linné 1707-1778 en vient à classer l’homme dans l’espèce homo sapiens », il reprend la vieille idée traditionnelle qui voit en l’homme un vivant dont la capacité à penser, voire à bien penser, est fondamentale. Et pourtant, dans le même temps, les guerres qui ravagent l’Europe et que Voltaire décrit ironiquement dans son Candide publié en 1759 donne une tout autre image de l’homme. On conçoit alors que La Bruyère en moraliste remette en cause la définition traditionnelle de l’homme comme animal raisonnable au vu du phénomène de la guerre. En effet, elle paraît absurde tant du point de vue théorique que pratique. Pourquoi les hommes s’affrontent-ils et surtout se font gloire de se massacrer ? Reste que la raison est en l’homme ce qui lui permet de se représenter les choses en vérité. Elle peut être soumise aux désirs ou aux passions. Mais elle peut aussi errer, se tromper. Les animaux, soumis à leur instinct, n’ont pas à chercher comment agir. De sorte que c’est bien plutôt parce qu’il est raisonnable que l’homme semble capable de faire la guerre. Dès lors, la guerre n’a-t-elle pas justement pour source ce caractère fondamental de l’homme d’être, en tant qu’être raisonnable un être capable de déraisonner ou bien montre-t-elle que la raison est inessentielle en l’homme ou bien la guerre n’est-elle pas une solution préconisée par la raison ? En nous appuyant sur un roman d’Henri Barbusse, Le Feu journal d’une escouade, le De la guerre de Clausewitz, plus précisément le livre I De la nature de la guerre et une tragédie d’Eschyle, Les Perses, nous verrons que la guerre montre que l’homme ne peut se comprendre seulement comme animal raisonnable et que pourtant l’homme use bien de sa raison pour faire la guerre même si elle est soumise à son désir, mais que la guerre montre en dernière analyse que l’homme est bien raisonnable en faisant la guerre en tant qu’elle est un règlement politique des conflits. Dire de l’homme qu’il est un animal raisonnable, c’est dire qu’il est un vivant qui appartient au règne animal et qu’en outre, c’est la possession de la raison qui le caractérise. Or, par raison, on entend la faculté qui permet de connaître le vrai et surtout de connaître le bien et de le mettre en œuvre. Or, la guerre est toujours un mal – éventuellement un moindre mal mais un mal quand même. Il n’en reste pas moins vrai que les conditions d’existence des hommes de l’escouade dans la boue des tranchées, les odeurs d’excréments, l’ignorance des mouvements de troupe sont proprement inhumaines. Il en va de même dans la retraite des Perses qui se noient lorsque le fleuve gelé se brise comme le rapporte le messager Clausewitz pour sa part note que la guerre exclut toute philanthropie I, 3, Ce qui montre que la guerre réfute la thèse traditionnelle de l’homme comme animal raisonnable, ce sont ses motifs. L’ombre du roi Darios dénonce l’hybris des Perses et de son fils 821. Les soldats dans Barbusse dénoncent la folie de la guerre. Le narrateur, avant l’assaut, note C’est en pleine conscience, comme en pleine force et en pleine santé, qu’ils se massent là, pour se jeter une fois de plus dans cette espèce de rôle de fou imposé à tout homme par la folie du genre humain. » XX Le feu, Il y a bien une opposition entre être raisonnable et la folie que représente la guerre. Clausewitz, même s’il propose une théorie de la guerre, montre qu’elle repose sur l’ignorance, le hasard I, 20, les frictions chapitre 7 qui rendent toute prévision impossible bref, la raison ne peut guère s’y déployer. De ce point de vue également, la guerre paraît tout à fait contraire à la raison. Cependant, il reste à se demander comme cette folie peut frapper de temps en temps l’homme. Car, ne faut-il pas que quelque chose le meuve qui le conduise à braver ce qu’on nomme l’instinct de conservation ? Qu’est-ce alors qui domine en l’homme ? On peut faire l’hypothèse que c’est le désir qui domine en l’homme s’il est vrai que le désir nous conduit au-delà du besoin, dans une quête dont l’objet reste indéterminé. Et la guerre manifeste justement selon l’interprétation que propose de Clausewitz René Girard. Ce qui le montre, c’est son concept abstrait ou absolu de guerre qu’il présente au début du chapitre I. Elle implique une montée aux extrêmes qui relègue la raison à l’arrière plan. La violence de chacun des adversaires commandée par celle de l’autre, la volonté de chacun de soumettre la volonté de l’autre, l’accroissement des moyens mis en œuvre en fonction de la mise en œuvre des moyens de l’autre, sont les trois interactions qui dominent la raison. On le voit dans la tragédie d’Eschyle où la violence déployée par les Athéniens qui tuent les marins survivants perses comme des thons » avec les débris des rames est à la mesure de la violence des Perses qui s’apprêtaient à détruire Athènes comme ils l’avaient fait de l’antique Milet. De même, Blaire, devenu cuisinier, imite Martin César, le cuisinier de Napoléon. Il doit donc trouver des allumettes. Lorsqu’avec ses compagnons, Poupardin, Pépin et Volpatte, ils se perdent et trouvent un allemand, ils le tuent en se jetant sur lui comme des fous » sans se concerter XVIII Les allumettes. Dire que l’homme est un animal raisonnable signifie simplement qu’il est capable de calculer comment arriver à ses fins. Mais ses fins elles-mêmes ne proviennent pas de la raison. On le voit dans la question des armes. Lors du bombardement, les soldats français vantent leurs canons qu’ils considèrent supérieurs à ceux des allemands, notamment le fameux 75 qu’ils opposent aux shrapnells de 77 allemands XIX Bombardement, On le voit encore dans la mise au service de la guerre de la raison instrumentale comme la nomme Habermas né en 1929 dans La technique et la science comme idéologie » 1968. C’est en effet grâce à une ruse que les Grecs ont gagné la bataille de Salamine selon le récit du messager à la Reine. Un Grec et sq. – plutôt un esclave perse de Thémistocle si on en croit Hérodote ~484-420 av. Histoires VIII, 75, et Plutarque ~45-120, Vie de Thémistocle 12 – aurait annoncé que la flotte grecque allait fuir. Elle réussit ainsi à attirer la flotte perse dans un espace où sa supériorité numérique ne sert à rien. Lorsqu’il énumère les qualités du génie martial, Clausewitz n’omet pas l’entendement. Car même si le général ne peut calculer, il lui faut réfléchir et disposer de ses moyens au mieux en fonction du contexte. Clausewitz note que l’usage de la violence n’exclut en rien l’utilisation de l’intelligence chapitre I, 3, bien au contraire, c’est elle qui va permettre d’accroître la violence. Néanmoins, non seulement on ne peut réduire la raison à son rôle instrumentale, c’est-à-dire qu’elle a aussi un rôle pratique, c’est-à-dire d’évaluation des fins, mais en outre on peut penser qu’elle joue un rôle dans le déclenchement de la guerre ou dans sa fin tout au moins provisoire qu’on nomme paix. Dès lors, n’est-ce pas au contraire parce qu’il est un animal raisonnable que l’homme fait la guerre ? En effet, la raison, lorsqu’elle doit œuvrer pour le bien public, peut parfois conseiller la guerre. Lorsque les Athéniens s’élancent contre les Perses à Salamine, le messager rapporte le chant qui est le leur Allez, fils des Grecs ! délivrez / votre patrie, délivrez vos fils et vos femmes, / les autels des dieux de vos pères, les tombeaux / de vos aïeux ! c’est pour eux tous qu’il faut se battre ! ». Quel était leur choix ? Soit se soumettre aux Perses, soit combattre. Il est clair que la guerre était la voix de la raison dans la mesure où elle était la solution pour la préservation de la liberté des citoyens. Quant aux Perses, malgré la critique qu’Eschyle fait de Xerxès par l’intermédiaire de l’ombre de son père et défunt roi Darios et sq., il poursuit l’œuvre de son père et en combattant en Grèce, il empêche les Grecs de venir combattre en Perse – ce que finira par faire Alexandre le Grand. C’est pour cela que Clausewitz a raison, quel que soit le statut qu’on accorde à l’idée de guerre absolue qui trouve une certaine réalité dans la guerre d’extermination, de considérer que la guerre a un sens fondamentalement politique cf. chapitre I, 24. Ce qui le montre c’est que la fin de la guerre est la paix cf. I, 13, c’est-à-dire la cessation au moins provisoire des hostilités, ce qui présuppose que la raison des hommes les amène à arrêter la guerre lorsqu’ils estiment que leurs objectifs sont atteints. Il faut alors une évaluation de la raison. De même, dans le roman de Barbusse, la rationalité de la guerre malgré sa folie, se lit dans l’espoir d’une humanité enfin réconciliée. C’est ce qu’un soldat anonyme exprime Si la guerre actuelle a fait avancer le progrès d’un pas, ses malheurs et ses tueries compteront pour peu. » XXIV L’aube, C’est que la raison ne consiste pas simplement à définir le bien. L’opposition du rationnel ou de la raison instrumentale comme calcul des moyens et du raisonnable comme détermination des fins ne peut mettre de côté la question des conséquences de nos actions. Lorsque donc un différend est irréductible, la raison, loin d’interdire la guerre, la prescrit. La cité athénienne étant sous le coup d’une menace mortelle, l’empire perse quant à lui était fondé sur le principe d’une conquête sans fin. Finalement, c’est bien l’analyse des conséquences et non simplement des fins qui fait que la raison ordonne la guerre. Chacun des États choisit raisonnablement la guerre en visant un accord des fins et des moyens. On peut faire la même analyse du point de vue de Barbusse. D’un côté, l’empire allemand, le militarisme de Guillaume, d’un autre la résistance française, le souci de la liberté. L’opposition entre la France et l’Allemagne, du côté français, s’est aussi joué comme une répétition des guerres médiques comme en témoigne le succès à la fin du XIX° et au début du XX° de la tragédie d’Eschyle cf. Christophe Corbier La Grande Guerre Médique essai d'une étude de réception des Perses d’Eschyle dans la France de la Troisième République, Revue de littérature comparée, 2004/3, n° 311. Qui dit conflit politique, dit guerre possible, soutient Clausewitz. S’il faut écarter toute considération morale, ce n’est pas pour défendre une quelconque apologie de la violence comme le fera Ernst Jünger 1895-1998 dans La guerre comme expérience intérieure 1922, c’est plutôt pour que le sentimentalisme moral ne se retourne pas comme soi. Comprendre la guerre dans sa nécessité rationnelle dans certaines circonstances, c’est faire comme le caporal Bertrand dans Le Feu qui justifie son engagement par la nécessité de défendre la patrie II Dans la terre, Nous nous étions demandé si la guerre remettait en cause la définition traditionnelle de l’homme comme animal raisonnable. On a vu qu’elle comportait un élément d’irrationalité, voire que la raison paraissait y être soumise aux désirs de l’homme. Il n’en reste pas moins vrai que dans la mise en œuvre des moyens et surtout dans sa fin politique, la guerre n’est pas étrangère à la raison et ne remet pas en cause la définition traditionnelle de l’homme. j'ai une dissertation à faire sur les caractères de La Bruyère merci de m'aider au plus vite c'est pour demain j'y arrive pas Oeuvre La Bruyère, Les Caractères , livres V à XParcours la comédie socialeQue révèle La Bruyère sur les relations sociales, à travers son observation du jeu des apparences ?Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur les Livres V à X des Caractères, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle​ More Questions From This User See All Helpful Social Copyright © 2022 - All rights reserved. CARACTÈRES LA BRUYÈRE ANALYSE. Les Caractères ou les moeurs de ce siècle sont publiés en 1688 par Jean de La Bruyère, moraliste classique. Dans cette fiche nous nous proposons de nous interroger de manière synthétique sur la comédie sociale Voir parcours associé et politique dans Les Caractères de La Bruyère et sur le genre même des caractères. Nous essayerons de répondre à la question suivante QU’EST-CE QU’UN CARACTÈRE? En effet, dans Les Caractères, Jean de La Bruyère donne à voir des portraits VOIR FICHE SUR LES GENRES LITTERAIRES dans lesquels l’auteur se livre à une satire des travers humains. Ainsi, le moraliste donne à voir les artifices et le ridicule humain. La comédie du pouvoir Une monarchie de droit divin Effectivement, à partir de la mort de Mazarin en 1661, Le Roi Louis XIV prétend exercer seul le pouvoir. Jusqu’à sa mort en 1715, il façonne cette image de Versailles qui n’est jusqu’alors qu’un pavillon de chasse, devient un lieu de représentation après l’agrandissement et l’embellissement des La Bruyère porte un regard critique sur l’attitude servile et ridicule des courtisans. Il critique également l’exercice du pouvoir de manière ostentatoire. Voir De la cour »Ainsi, La Bruyère dénonce ce spectacle social auquel on se livre à la cour et, en parallèle, dans le cadre de la ville. Voir de la ville » Des inégalités sociales En effet, la société est très inégale au XVIIème siècle. Au faste et à la richesse de la cour, s’oppose la grande pauvreté du peuple. D’ailleurs, cette inégalité économique va de pair avec une inégalité sociale car les privilèges se nouent à la naissance avec les aristocrates, d’un côté, et le petit peuple, de l’autre. Voir Des biens de fortune »Ainsi, La Bruyère dénonce le fait que le mérite et la vertu ne sont pas rétribués. A l’inverse, les apparences et faux-semblants semblent conduire le monde. Les Caractères comédie ou tragédie? Une comédie sociale En effet, les personnages qui font l’objet de la satire sont amusants, Portrait de Gnathon, très savoureux car il amuse en ridiculisant les travers du ce qui amuse le lecteur repose sur les procédés comiques tels que l’exagération ou l’ Voir les portraits de Giton et de Phédon. Une tragédie sociale? Mais La Bruyère se montre également pessimiste. D’abord, concernant la nature humaine et sa noirceur. Citons notamment le règne de l’ Des biens de fortune », 12. Je vais, Clitiphon, à votre porte ; le besoin que j’ai de vous me chasse de mon lit et de ma chambre plût aux Dieux que je ne fusse ni votre client ni votre fâcheux ! Vos esclaves me disent que vous êtes enfermé, et que vous ne pouvez m’écouter que d’une heure entière. Je reviens avant le temps qu’ils m’ont marqué, et ils me disent que vous êtes sorti. Que faites-vous, Clitiphon, dans cet endroit le plus reculé de votre appartement, de si laborieux, qui vous empêche de m’entendre ? Vous enfilez quelques mémoires, vous collationnez un registre, vous signez, vous parafez. Je n’avais qu’une chose à vous demander, et vous n’aviez qu’un mot à me répondre, oui, ou non. Voulez-vous être rare ? Rendez service à ceux qui dépendent de vous vous le serez davantage par cette conduite que par ne vous pas laisser voir. O homme important et chargé d’affaires, qui à votre tour avez besoin de mes offices, venez dans la solitude de mon cabinet le philosophe est accessible ; je ne vous remettrai point à un autre jour. Vous me trouverez sur les livres de Platon qui traitent de la spiritualité de l’âme et de sa distinction d’avec le corps, ou la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter j’admire Dieu dans ses ouvrages, et je cherche, par la connaissance de la vérité, à régler mon esprit et devenir meilleur. Entrez, toutes les portes vous sont ouvertes ; mon antichambre n’est pas faite pour s’y ennuyer en m’attendant ; passez jusqu’à moi sans me faire avertir. Vous m’apportez quelque chose de plus précieux que l’argent et l’or, si c’est une occasion de vous obliger. Parlez, que voulez-vous que je fasse pour vous ? Faut-il quitter mes livres, mes études, mon ouvrage, cette ligne qui est commencée ? Quelle interruption heureuse pour moi que celle qui vous est utile ! Le manieur d’argent, l’homme d’affaires est un ours qu’on ne saurait apprivoiser ; on ne le voit dans sa loge qu’avec peine que dis-je ? on ne le voit point ; car d’abord on ne le voit pas encore, et bientôt on le voit plus. L’homme de lettres au contraire est trivial comme une borne au coin des places ; il est vu de tous, et à toute heure, et en tous états, à table, au lit, nu, habillé, sain ou malade il ne peut être important, et il ne le veut point être. » Ainsi, nous constatons que l’argent prévaut sur tout le reste et semble dominer le ailleurs, La Bruyère dénonce les inégalités sociales très Des Grands », 5. On demande si en comparant ensemble les différentes conditions des hommes, leurs peines, leurs avantages, on n’y remarquerait pas un mélange ou une espèce de compensation de bien et de mal, qui établirait entre elles l’égalité, ou qui ferait du moins que l’un ne serait guère plus désirable que l’autre. Celui qui est puissant, riche, et à qui il ne manque rien, peut former cette question ; mais il faut que ce soit un homme pauvre qui la décide. Il ne laisse pas d’y avoir comme un charme attaché à chacune des différentes conditions, et qui y demeure jusques à ce que la misère l’en ait ôté. Ainsi les grands se plaisent dans l’excès, et les petits aiment la modération ; ceux-là ont le goût de dominer et de commander, et ceux-ci sentent du plaisir et même de la vanité à les servir et à leur obéir ; les grands sont entourés, salués, respectés ; les petits entourent, saluent, se prosternent ; et tous sont contents. » Qu’est-ce qu’un caractère »? D’abord, les Caractères se définissent par une forme brève et fragmentée. Cependant, il serait bien difficile et périlleux de les caractériser ou de les résumer d’une le sous-titre ou les moeurs de ce siècle » mettent en relief la dimension morale de l’oeuvre. Rappelons que le XVIIème siècle est le siècle des moralistes La Fontaine avec Les Fables, Charles Perrault avec les Contes, la Rochefoucault avec Les maximes… Tentative de définition de la forme du caractère D’abord, La Bruyère présente son oeuvre comme une simple traduction des Caractères de Theophraste. Or, l’auteur grec, disciple d’Aristote liste 28 comportements humains de la dissimulation », de l’orgueil »…Cependant, le discours sur Theophraste » qui se trouve à l’ouverture des Caractères montre leurs différences. En effet, La Bruyère s’attache à montrer l’homme et ses travers avec davantage de précision que son prédécesseur. D’ailleurs, le sous titre les moeurs de ce siècle » traduisent bien la volonté historique, synchronique, de La Bruyère. Theophraste ne peut montrer les travers du XVIIème siècle alors même qu’il a vécu et écrit dans l’Antiquité. Individu ou collectif? En effet, le sous titre semble vouloir montrer les travers communs à tous les hommes de son le terme du titre, caractères », semble mettre l’accent sur les défauts individuels des uns et des dans sa préface, l’auteur indique ne pas avoir voulu écrire de maximes mais plutôt des remarques ». Ainsi, il s’inscrit dans l’observation et dans la réflexion plutôt que dans l’établissement de lois outre, la forme et le style des caractères varie énormément. Ainsi, l’auteur s’adapte au sujet et fait varier la taille et la forme du à l’économie du recueil, elle se compose de 16 chapitres, chacun constitué d’un nombre variable de caractères. Ainsi, la lecture peut se faire de manière continue ou bien selon un choix de une structure sous-jacente peut-être décelée. Après avoir dénoncé les vices humains, le chapitre 16 rétablit une perspective chrétienne en critiquant les Esprits-Forts les libertins.On note également des effets d’écho entre de la ville »/ de la cour » ou entre des portraits Giton » et Phédon ». CARACTÈRES LA BRUYÈRE ANALYSE conclusion Nous espérons que cette définition du caractère » de La Bruyère a pu t’aider. –Portrait de Gnathon –Caractères de La Bruyère texte intégral + PDF –Biographie La Bruyère –Caractères 27 et 29 texte + analyse Navigation des articles Unit 1 - Corpus Sujets - 1 Sujet & Corrigé Écrire pour instruire • Dissertation Question de l'homme fra1_1111_11_02C Nouvelle-Calédonie • Novembre 2011 La question de l'homme • 14 points Dissertation > Dans la préface des Caractères, La Bruyère affirme On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l'instruction. » Comprendre le sujet La citation de La Bruyère à travers la préposition pour », et la question qui la suit à travers le mot but » posent toutes deux le problème de la fonction de la littérature. La Bruyère propose une thèse très claire l'écrivain doit instruire le lecteur. On vous demande de discuter cette thèse. La problématique peut être reformulée ainsi Le but de la littérature est-il seulement d'instruire le lecteur ? » ou La littérature n'a-t-elle qu'une fonction didactique ? » Chercher des idées Cherchez d'abord tous les sens que l'on peut donner au verbe instruire ». Scindez la problématique en plusieurs sous-questions, en variant les mots interrogatifs Pourquoi la littérature est-elle efficace pour instruire ? » inspirez-vous alors de votre réponse aux questions ; Quels genres sont particulièrement efficaces pour instruire ? » ; Quels autres rôles/buts peut avoir la littérature ? » ; Ces buts ne sont-ils pas combinables ou complémentaires ? » Interrogez-vous aussi sur ce que vous recherchez, en tant que lecteur, dans la littérature. En vous rappelant qu'écrire est un art, vous trouverez d'autres fonctions de la littérature. Comme vous allez être amenée à mentionner souvent la notion d'instruction, constituez-vous une liste de mots qui s'y rapportent pour éviter les répétitions et pour trouver de nouvelles idées informer, information ; documenter, documentation ; renseigner, renseignement ; former, formation ; initier, initiation ; éclaircir ; cultiver, culture ; apprendre ; leçon ; éduquer, éducation ; guider, etc. > Pour réussir la dissertation voir guide méthodologique. > Choix et exploitation des exemples voir guide méthodologique. [Amorce] Pourquoi écrire ? Tout écrivain doit se poser cette question. Dans sa préface des Caractères, La Bruyère donne une réponse à cette interrogation On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l'instruction. » La négation restrictive ne… que » donne à la formule un ton catégorique sans appel. [Problématique] Cette assertion incite à s'interroger sur le travail de l'écrivain. [Annonce du plan] Écrire n'a-t-il qu'un rôle didactique ? La littérature n'a-t-elle pas d'autres finalités, notamment celle de plaire, comme le disait déjà le poète latin Horace ? Mais au-delà de cette apparente opposition, ne doit-elle pas utiliser les moyens plaisants pour mieux instruire, dans une interaction fructueuse ? I. Écrire pour instruire ? Le verbe instruire » prend de nombreuses significations. En quoi la littérature répond-elle à ces divers sens ? 1. Instruire, c'est informer Instruire, c'est d'abord informer. Ainsi les écrivains, se donnent pour mission de faire part de leurs expériences de la vie [Exemples personnels]. Ancrés dans l'actualité, ils éclairent alors les débats qui agitent leur époque. Ils le font à travers des genres variés. Au siècle des Lumières notamment, se multiplient les essais et traités l'Italien Beccaria compose un Traité des délits et des peines, Rousseau propose Le Contrat social… La littérature permet ainsi de mieux connaître son temps. L'information passe parfois par des moyens plus indirects ainsi Montesquieu, dans ses Lettres persanes, peint la société de son temps sous de nombreux aspects, tout comme Beaumarchais qui dans Le Mariage de Figaro peint l'aristocratie. Mais la littérature peut informer sur l'autre. Elle jette alors un regard instructif sur des périodes antérieures et joue en quelque sorte un rôle historique [Exemple personnel]. Mais elle apporte aussi des connaissances sur d'autres cultures. Ainsi aux xvie et xviiie siècles notamment, se multiplient les récits de voyage Jean de Léry écrit L'Histoire d'un voyage fait en terre de Brésil rapportant les coutumes des Indiens, Montaigne parle de sa rencontre avec trois sauvages venus visiter la France dans ses Essais, et, plus récemment, Claude Lévi-Strauss raconte la vie quotidienne des Indiens Nambikwara. 2. Instruire, c'est susciter un regard critique Instruire, c'est aussi apprendre à traiter l'information, c'est-à-dire à jeter un regard critique sur le monde. De nombreux auteurs dépassent la simple information pour susciter la réflexion critique sur les vices de leur temps. Cette fonction de la littérature remonte à l'Antiquité le romancier » latin Pétrone fait dans Le Satiricon la satire des affranchis nouveaux riches parvenus sous les traits de son personnage Trimalcion. Au xviie siècle, La Bruyère dans ses Caractères souligne les travers de la Cour. Molière veut attaquer par des peintures ridicules les vices de [son] siècle », La Fontaine, dans ses Fables, ridiculise les défauts de son époque [Exemple personnel + Les Animaux malades de la peste »]. Montesquieu dénonce la vanité et les folies guerrières du roi, et, au-delà la monarchie absolue. La littérature devient alors une arme de lutte contre les abus et incite le lecteur à rejoindre ces combats qui font la dignité de l'homme. Combat contre l'intolérance [exemples à développer Candide ou L'Ingénu de Voltaire], l'injustice, le fanatisme, le racisme [exemples personnels], les horreurs de la guerre [exemple à développer Si c'est un homme de Primo Levi] mais aussi, combat pour la solidarité [ La Peste de Camus, La Condition humaine de Malraux]. 3. Instruire, c'est éduquer en transformant Instruire vise à donner une vision du monde, de l'homme et de sa condition en général. Les écrivains expriment leur conception du monde et de la condition humaine. Ainsi, Molière, mais aussi La Bruyère, dans leur galerie de portraits, font la peinture de vices humains, à travers des types dégagés de tout ancrage dans le temps ou dans une société il y a l'avare, le malade imaginaire, le vantard, l'hypocrite… Ces écrivains se donnent alors comme objectif de corriger les hommes ». Cette vision du monde amène le lecteur à tirer une philosophie de vie qui doit se concrétiser dans le respect de certaines valeurs. Ainsi les fables dans l'Antiquité servaient de base pour enseigner les enfants et construire une sagesse de vie, une morale ». La littérature mène le lecteur à se transformer. [Transition] Écrire, c'est donc bien remplir les diverses formes de l'instruction, en faisant partager ses connaissances, en dénonçant des abus mais aussi en forgeant un nouvel être. II. Écrire n'a-t-il pas d'autres rôles ? Mais n'assigner à la littérature qu'une fonction didactique c'est la réduire à une activité utile. Or, écrire est une activité artistique aux objectifs plus larges. 1. Écrire pour plaire » Le principe des auteurs classiques ne doit pas être tronqué pour Molière et ses contemporains, il s'agit bien d' instruire et [de] plaire ». Corriger les mœurs », soit, mais en riant » écrire, c'est aussi divertir, pour oublier sa condition de mortel. Les spectateurs vont au théâtre pour passer un bon moment » [Exemple personnel], les lecteurs de roman s'attachent à des personnages dont ils suivent avec émotion le parcours [Exemple personnel]. Les auteurs de romans policiers de nos jours emmènent leurs lecteurs dans un parcours plein de mystère qui les intrigue et proposent à leur sagacité une énigme à résoudre ; les nouvelles et romans fantastiques transportent dans un autre monde, dépaysent [Exemple personnel]. 2. Écrire pour procurer un plaisir esthétique Un auteur peut aussi mettre sa plume au service de l'art pur et se donner comme but de créer un bel objet d'art, propre à procurer une émotion esthétique, au même titre qu'un beau tableau, qu'une belle musique. Si de nombreux poètes considèrent la poésie comme une arme » et s'engagent à travers eux [Exemple personnel], d'autres, tels les Parnassiens, prônent l'art pour l'art ». La littérature rejoint alors les arts, au point que le poète Théodore de Banville a pu affirmer que la poésie englobait les arts et les surpassait tous Elle est à la fois Musique, Statuaire, Peinture, Éloquence ; elle doit charmer l'oreille, enchanter l'esprit, représenter les sons, imiter les couleurs […]. » On pense à Verlaine qui conseille dans son Art poétique » de la musique avant toute chose… » ou à Horace, qui assimile la poésie à une peinture ». 3. Écrire pour partager ses émotions L'écriture peut enfin avoir pour rôle de rendre compte de ses états d'âme. Les romantiques, à travers leur poésie [Exemple personnel], mais aussi leur théâtre [Exemple personnel] traduisent leur mal du siècle ». Les récits autobiographiques remplissent le plus souvent cette fonction Charles Juliet en écrivant Lambeaux rend hommage à ses deux mères, mais en même temps son écriture agit comme une sorte de psychanalyse qui le libère de ses angoisses existentielles. [Transition] Mais n'est-ce pas une erreur que de vouloir cantonner la littérature dans un rôle ? Faut-il opposer plaire » et instruire » ? III. Plaire pour mieux instruire ? Ne se crée-t-il pas au contraire une dynamique entre ces deux buts de l'écriture ? Le plaisir de l'écriture et de la lecture est en fait un outil efficace pour mieux instruire. Cette interaction est particulièrement sensible dans l'apologue, dont La Fontaine disait Une morale nue apporte de l'ennui ; / Le conte fait passer le précepte avec lui ». Il revendiquait le droit au divertissement Et si Peau d'Âne m'était conté, / J'y prendrais un plaisir extrême ». 1. L'agrément et les vertus du rire pour instruire L'un de ces moyens pour rendre l'instruction plus efficace est le rire, sous toutes ses formes. Rabelais, qui voulait que son lecteur ne s'arrêtât pas au simple divertissement que peut procurer la lecture de Gargantua ou de Pantagruel mais qu'il en tirât la substantifique moelle », c'est-à-dire la teneur profonde, prévient son lecteur Mieux est de rire que de larmes écrire / Pour ce que rire est le propre de l'homme ». Le comique prend des formes multiples, depuis la grosse farce carnavalesque [Exemple personnel + Gargantua, Pantagruel, les farces de Molière…], jusqu'à l'humour le plus fin [Exemple personnel] en passant par l'ironie mordante, qui fait sourire, mais qui oblige aussi le lecteur à la réflexion pour interpréter » le message indirect [Exemple personnel + contes philosophiques de Voltaire, De l'esclavage des nègres » de Montesquieu]. 2. Les vertus pédagogiques du dépaysement Pour instruire le lecteur sur le monde et sur l'Autre, les écrivains jouent de l'efficacité pédagogique du dépaysement. C'est le procédé de l'œil neuf qui décape notre vision du monde et nous engage, tout en nous divertissant, à la réflexion. Que ce soit à travers les romans picaresques [Exemple personnel], les récits de science-fiction [Exemple personnel d'utopie, de contre-utopie], les récits de voyages réels ou fictifs, comme les Lettres persanes, Les Voyages de Gulliver ou Micromégas, l'écrivain fait découvrir des mondes nouveaux qui enchantent mais dont la comparaison avec le nôtre est instructive. En effet, elle dévoile les vertus et les valeurs d'autres civilisations mais révèle aussi les vices de notre monde [Exemple personnel]. À cet égard, le roman d'apprentissage entraîne les personnages dans des aventures où ils se frotteront » à plusieurs milieux, plusieurs sociétés et forme ainsi autant le héros que le lecteur [Exemple personnel]. 3. De la variété avant toute chose L'efficacité pédagogique de l'écriture tient plus globalement à la variété et à la vivacité, pour ne pas lasser le lecteur et pour maintenir son esprit en éveil. Pour cela, les écrivains disposent de nombreuses ressources. Pour mieux instruire, il convient alors de combiner les genres de l'argumentation directe [Exemple personnel] et de l'argumentation indirecte, en s'adaptant au public visé. À un enfant conviendra le genre court et imagé de la fable ; au lecteur amateur de péripéties conviendra le roman ; à celui qui aime la fantaisie, les dialogues amusants comme L'Histoire comique des États et Empires du Soleil Cyrano de Bergerac ; aux penseurs les traités et les essais. Conclusion Si l'on peut concéder à La Bruyère qu'écrire a fréquemment pour but d'instruire, on lui objectera que la littérature ne saurait se réduire à une fonction unique, sous peine de perdre sa richesse. Une intention pédagogique ou didactique trop envahissante révèle la méconnaissance de la clé du succès énoncée par le poète Horace Il obtient tous les suffrages celui qui unit l'utile à l'agréable, et plaît et instruit en même temps. » les caractères de la Bruyère55,00€ Les ouvrages étant d'occasion, nous ne proposons pas l'achat immédiat. Vous souhaitez acquérir cet ouvrage ou simplement obtenir des informations état, frais de port, modalités.. et photos complémentaires, n'hésitez pas à nous contacter au 03 85 32 24 17 ou nous envoyer un email à contact As the books are second-hand, we do not offer immediate purchase. 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